Une reconstitution n’ayant pas de valeur juridique a été organisée le 28 octobre 2019 par maître Marie Dosé et la fille du ministre Robert Boulin, retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979. Avec le temps qui passe, il y a la crainte de perdre des témoignages cruciaux…
Présenté par Laurent Delahousse sur France 2 – 13H15 le Dimanche – le 3 novembre 2019 – Durée 00h43
Fabienne Boulin, la fille du ministre du Travail et de la Participation du président Valéry Giscard d’Estaing, et son avocate Marie Dosé, ont organisé le 28 octobre 2019 une « reconstitution citoyenne » comme elle l’appelle, à l’étang Rompu en forêt de Rambouillet. C’est à cet endroit que son père avait été retrouvé le 30 octobre 1979 à moitié immergé. Une greffière a été embauchée ainsi qu’un comédien jouant l’homme politique dont la mort avait été classée comme un suicide par noyade après ingestion de barbituriques. Une thèse que la famille a toujours contestée en invoquant plutôt un « crime d’Etat ».
Deux témoins présents le matin de la découverte du cadavre sont ce jour-là sur les lieux : un médecin réanimateur arrivé en premier sur place, ainsi qu’un officier de police judiciaire qui a vu la sortie du corps de l’eau. Les deux hommes ont raconté ce qu’ils ont vu, situant cependant le corps du ministre à deux endroits opposés de l’étang. A 8h45, le premier a vu le corps dans soixante centimètres d’eau d’un côté de l’étang quand le second le découvre à 9h10 de l’autre côté dans un mètre d’eau… « Vous êtes sûr qu’il était si loin ? demande le médecin au policier. Moi, j’avais vraiment souvenir qu’il était là. » Raviver les mémoires, confronter les témoignages, parfois divergents… c’est à cela que servent les reconstitutions…
Une reconstitution officielle en octobre 2020 ?
C’est quand il assiste à la sortie du corps que le policier du SRPJ de Versailles note des traces de griffures sur le visage du ministre. Il explique comment les pompiers ont ramené le corps au fil de l’eau avant de le retourner en arrivant près de la berge où ils l’ont déposé, se rappelle le policier. Dans la précipitation, il a même été oublié de convoquer un médecin pour constater le décès. Si cette reconstitution n’a pas de valeur juridique, l’avocate va cependant transmettre ses constatations au juge en charge de l’affaire. Quarante ans après les faits, une vingtaine de témoins peuvent encore être entendus. D’autres ont en revanche peur de parler.
Une reconstitution officielle a été promise par la justice pour l’année prochaine : « En octobre 2020, j’espère que le magistrat instructeur va se déplacer avec un maximum de témoins, avec tous ceux qui sont à même de faire avancer la manifestation de la vérité, qui étaient présents sur les lieux ou qui ont un lien avec cette scène de crime. C’est son travail et c’est l’intérêt de la justice que de réaliser des actes aussi cruciaux quarante ans plus tard. Ce temps qui passe, c’est aussi le risque de perdre des témoignages et des témoins. C’est pour ça qu’on a fait cette reconstitution qui n’en est pas une », précise Me Marie Dosé au magazine « 13h15 le dimanche » (replay).