Procès Tarnac : le PV de filature, enjeu crucial du procès – Europe 1 – 16/03/2018

Procès Tarnac : le PV de filature, enjeu crucial du procès
Diffusé sue Europe 1 à 7:51 – Mis à jour le 16 mars 2018 à 16:32

La pièce est centrale dans le dossier : pierre angulaire de l’accusation, elle est vigoureusement contestée par la défense, qui dénonce de nombreuses incohérences.

L’audience s’annonce cruciale vendredi, au procès du « groupe de Tarnac ». Et pour cause, le tribunal se penche sur l’une des pièces centrales du dossier : le procès-verbal de filature, sur lequel repose l’essentiel de l’accusation. Il établit la présence de Julien Coupat et Yldune Lévy tout près de la ligne du TGV sabotée, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 à Dhuisy, en Seine-et-Marne. Mais la défense affirme qu’il est falsifié.

Un arrêt près de la voie ferrée. Les policiers affirment qu’ils étaient dix-huit ce soir-là, répartis dans douze véhicules. Ils indiquent qu’ils ont suivi la voiture de Julien Coupat et Yldune Lévy dès sa sortie de Paris. Le PV décrit ensuite la soirée du couple, entre petites routes perdues de Seine-et-Marne et halte pour le dîner dans une pizzeria d’un petit village. Le compte-rendu de filature mentionne aussi un arrêt près de la voie ferrée sabotée.

Le couple se savait « suivi ». « Julien Coupat et Yldune Lévy se savent surveillés depuis des lustres. Cette nuit-là, ils souhaitent échapper aux surveillances policières. Ils sont fatigués de tout ça. Ils partent en voiture tous les deux, et se rendent compte très rapidement qu’ils sont suivis. Là, va se jouer une espèce de jeu du chat et de la souris. Ils vont dans les petites routes de campagne, ils essaient de se semer les uns les autres », décrit Me Marie Dosé, l’une des avocates de la défense, au micro d’Europe 1. « Qu’on vienne nous expliquer aujourd’hui que deux personnes qui se savent suivies commettent une infraction dans le même temps des surveillances, je ne comprends pas bien », dénonce-t-elle.

Des erreurs géographiques. Si le PV de filature constitue la pièce maîtresse de l’accusation, il est donc, aussi, l’objet de toutes les controverses. Depuis dix ans en effet, la défense affirme qu’il s’agit d’un faux, d’une reconstitution faite après coup par les policiers, avec une carte, depuis leurs bureaux. Les avocats dénoncent toute une série d’incohérences avec la réalité du terrain, comme des routes départementales qui n’existent pas ou qui n’ont pas le même nom, ou encore des tunnels qui sont en fait des ponts.

« Ce que l’on sait, c’est que le procès-verbal de surveillance a été construit après pour le faire coller aux dégradations. Ils se trompent dans ce procès-verbal. Parfois, ils disent qu’ils passent sous un pont, alors que c’est au-dessus. Pourquoi ? Parce que sur Google Maps, c’est effectivement indiqué au-dessus. Ils ont construit un PV une fois rentrés à Levallois-Perret avec des cartes, c’est comme ça que ça s’est passé », martèle Me Dosé.