L’écrivain affirme avoir été violé, il en a tiré un livre, mais aujourd’hui il ne veut plus répondre à la justice. Reda, lui, clame toujours son innocence.
Sujet par Sarah Guibaudo – Diffusé sur France Inter le 10 février 2017
Ce soir de Noël 2012, à Paris, Reda rencontre dans la rue un jeune homme qui s’appelle encore Eddy Bellegueule.
Eddy invite Reda chez lui pour faire l’amour. Puis, à partir du petit matin deux versions s’opposent.
Ceux qui ont lu le livre En finir avec Eddy Bellegueule connaissent celle d’Eddy : il surprend Reda en train de lui voler sa tablette, son amant serait devenu brutal, aurait essayé de l’étrangler et lui aurait imposé un rapport non consenti.
Reda, de son côté, reconnaît avoir voulu voler la tablette : il est sans papier et vivote de petits boulots mais il affirme qu’il se serait excusé avant de partir sans violence. Le lendemain, sur les conseils de deux amis, Eddy dépose plainte. « Quinze jours après je n’y pensais plus » dira Edouard Louis.
Quatre ans passent, le rapprochement avec l’ADN de Reda a été fait mais il n’est pas inquiété. Eddy est devenu l’écrivain Edouard Louis. En janvier 2016 sort son deuxième livre, Histoire de la violence, dont il assure que chaque ligne est vraie. Quelques jours plus tard, Reda est arrêté avec un peu de cannabis sur lui, il est rattrapé par l’enquête sur le viol et mis en examen. Il demande une confrontation avec Edouard Louis qui refuse. Le suspect Reda est incarcéré pendant onze mois avant d’être libéré sous contrôle judiciaire mais il est profondément marqué psychologiquement selon ses amis. De son côté, Edouard Louis voudrait arrêter cette histoire, qu’il y ait un non-lieu, comme si l’écrivain et le plaignant n’était plus tout à fait en phase… Mais on ne choisit pas d’arrêter la machine judiciaire.